Après la défaite des régionales et à l’horizon des présidentielles, la possibilité d’un report de l’âge de la retraite à 64 ans revoit le jour et est débattue au sein du gouvernement. La macronie y voit une opportunité de « couper l’herbe sous le pied » à la droite en redonnant des gages aux classes dominantes, mais le pari serait risqué
Malgré son projet de nationalisation de scrutin, LREM a essuyé aux régionales un échec cuisant, quelques jours après que le Conseil d’État ait décidé de suspendre le texte sur l’assurance-chômage. Une défaite que la droite a tenté de capitaliser, en cherchant à doubler LREM sur le terrain du « barrage à l’extrême-droite ». Si l’abstention reste la donnée principale, cette défaite ne peut qu’apparaître comme un avertissement avant la présidentielle de 2022.
Dans ce cadre, et alors qu’un potentiel retour d’une réforme des retraites était évoqué ces dernières semaines, l’option est de nouveau plus que jamais sur la table. En effet, comme le révélaient hier Les Echos, le débat fait plus que jamais rage. « Selon des sources concordantes, les pro-réformes poussent à frapper un grand coup en repoussant l’âge de la retraite à 64 ans dans un délai très bref, même si la mesure n’entrerait en vigueur qu’après la présidentielle. » rapporte ainsi le journal patronal.
Une décision risquée mais qui semble tenter le gouvernement. Et pour cause, la réforme permettrait à Macron de ré-endosser son costume de transformateur et de reprendre les réformes néolibérales et antisociales là où il les avait laissées avant la crise sanitaire. De quoi donner des gages à la bourgeoisie en préparation des présidentielles. Un projet qui serait cependant tronqué par rapport à la réforme « à points » qui avait conduit à la grève historique de l’hiver 2019-2020 : en effet, il s’agit d’aller vite et fort, et c’est en ce sens que le gouvernement évoque l’idée d’un rallongement de l’âge du départ à la retraite à 64 ans.
Une démarche directement dirigée contre la droite à laquelle Macron n’entend laisser aucun espace. Pour autant, cette offensive reste risquée. Après la grève massive des retraites menée par les transports publics, Macron pourrait cristalliser la colère autour de sa mesure. Une crainte formulée directement par le patron du MEDEF, qui pointait il y a quelques semaines le danger d’un « mouvement social » inattendu si la réforme était lancée avant les présidentielles.
Quelque soit l’option choisie Macron, il sera essentiel pour les travailleurs et travailleuses de se tenir prêts pour faire face à cette attaque, mais aussi à toutes les autres que plébiscitent les classes dominantes. De fait, Macron, comme ses adversaires de droite et d’extrême-droite pour 2022, entendent bien faire payer la crise aux travailleurs.