Pour la première fois, une expérience à grande échelle de réduction du temps de travail va avoir lieu. En Suisse, le modèle a aussi ses défenseurs.
Il durera trois ans et devrait concerner plus de 200 entreprises – et entre 3000 et 6000 employés: l’Espagne va lancer cet automne un grand test de réorganisation du temps de travail. Les salariés qui en feront partie ne travailleront plus que 4 jours par semaine (32 heures) au lieu de 5, sans diminution de salaire. C’est l’État espagnol qui financera les coûts. L’idée est d’observer, après trois ans, quels auront été les effets de ce changement sur la productivité des employés, mais aussi sur leur qualité de vie.
En Suisse, certains ne cachent pas leur intérêt pour la mesure, comme la conseillère nationale Barbara Gysi (PS/SG). «La mesure permettrait une meilleure conciliation entre vie professionnelle et privée», dit-elle, ajoutant que l’efficacité et la motivation des salariés seraient renforcées, autant que leur santé.
Difficile à appliquer partout
En théorie, le chômage pourrait aussi baisser: les entreprises devraient, pour nombre d’entre elles, embaucher. Car le but, c’est bien entendu de ne pas devoir faire en quatre jours ce que l’on faisait en cinq auparavant. Pour la Saint-Galloise, la mesure pourrait être financée par une taxe sur les transactions financières, ou une redistribution fiscale plus forte des entreprises qui font de gros bénéfices pour les plus petites.
Mais même si l’on en acceptait le financement, pas sûr que la mesure soit réalisable partout. Comme le relève Valentin Vogt de l’Union patronale suisse, «dans de nombreux secteurs, cela nécessiterait 20% de personnel supplémentaire, une utopie en période de pénurie de travailleurs qualifiés. De plus, ce serait irréalisable financièrement.» À titre d’exemple: la police. Trouver du personnel pour compenser la baisse du temps de travail serait un obstacle.
Du Japon à l’Espagne
L’Espagne testera à plus grande échelle et sur une plus longue période que certaines tentatives déjà réalisées.
Au Japon, Microsoft avait fermé ses bureaux et mis en congé ses 2300 employés, tous les vendredis pendant un mois, en été 2019. Les réunions étaient également limitées à 30 minutes et la firme avait encouragé les échanges de documents en ligne plutôt que physiquement. Au terme de l’essai, l’entreprise avait calculé une hausse de la productivité des employés de 40%. Mais ce n’est pas tout: l’entreprise a également réduit sa consommation d’énergie de 23% et celle du papier de 58%.