Devant le mal-être des salariés des conseillers bancaires de la Banque Postale, les organisations syndicales lancent l’alerte. Elles parlent de conditions de travail qui se détériorent dans les départements de la Vendée et de la Loire-Atlantique.
« Je suis au bout du rouleau, je ne comprends plus le fonctionnement de ma boîte », lance cette conseillère de la Banque Postale en Loire-Atlantique au micro de France Bleu. Sous couvert d’anonymat, cette femme d’une quarantaine d’année témoigne sur mal-être à la Poste en Loire-Atlantique et Vendée. L’ensemble des syndicats lancent l’alerte.
La course à l’économie
D’après l’ensemble des organisations syndicales, l’entreprise profite de la crise sanitaire pour faire passer de nouvelles directives. « Elle s’empare de la crise du Covid-19 pour valider sa stratégie de transformations et ajouter des tâches en plus de celle d’être face aux clients« , insiste un membre de l’intersyndicale avant d’ajouter, « il y a la fermeture de 11 bureaux de poste sur la Vendée et la Loire-Atlantique rien que pour le premier trimestre, 50 suppressions de poste de chargé de clientèle dans l’année, plus le gel des recrutements et l’augmentation de la précarité et des contrats en CDD ».
Sur ce point, La Poste parle plutôt d’adaptation aux nouvelles habitudes des clients. « Afin d’être en phase avec les rythmes de vie […], La Poste adapte son offre de services partout sur le territoire. L’entreprise modernise certains de ses bureaux et met en place à certains endroits des partenariats avec des commerces de proximité ou des mairies ». En parallèle, l’entreprise réfute les accusations de suppressions de postes.
Répondre au téléphone, quoi qu’il en coûte
Pour les syndicats CFDT, CFTC, CGT, FO et SUD, la pression est quotidienne et constante sur les épaules des salariés. « Aujourd’hui on nous demande de décrocher les téléphones quoi qu’il en coûte. Même pendant un autre rendez-vous clientèle. Tant pis pour l’anonymisation des dossiers », raconte une conseillère. D’après cette salariée, épuisée par la situation, ce « taux de décroché » doit atteindre les 50%. « Certains sont obligés de répondre aux toilettes, pour éviter de voir leur pourcentage diminuer », s’agace Sylvain Lamblot, secrétaire général CGT FAPT Loire-Atlantique.
C’est un management du 19e siècle – Intersyndicale de La Poste dans le 44 et le 85
Les représentants syndicaux parlent d’un « management oppressant et culpabilisant » datant d’une autre époque et qui fait des dégâts. « Les arrêts maladies pour épuisement au travail sont de plus en plus nombreux et de plus en plus longs. Il y a beaucoup de démissions », insiste Jean-Yves Jezequel, délégué CFDT. Pour Thierry Gruget, membre du syndicat SUD, c’est un management « autoritaire et descendant » et « on ne prend pas le temps d’écouter les conseillers financiers ».
L’entreprise répond qu’il s’agit d’une évolution indispensable face à la baisse d’utilisation de ses services. « Afin d’être plus disponibles pour nos clients et mieux les satisfaire, La Poste organise le travail des conseillers de La Banque Postale en cohérence avec leurs rythmes de vie. Cette organisation n’est pas nouvelle. Elle est conforme aux attentes des clients et similaire aux pratiques des réseaux bancaires. »
Une vraie souffrance au travail
Face à cette course à la productivité et donc à la rentabilité, les salariés ne s’y retrouvent plus. « Trouver du sens à ce que je fais aujourd’hui c’est compliqué. J’ai envie de changer les choses, de m’exprimer pour moi mais aussi pour mes collègues qui n’osent pas prendre la parole. Parce que oui à La Poste on a des représailles. Il y a une charge de travail énorme, les systèmes informatiques dysfonctionnent. Il faut réagir avant un drame. »
Face à une situation dangereuse, les organisations syndicales demandent des négociations. Une pétition circule également dans l’entreprise avant de passer à l’étape suivante : la grève. De son côté, La Poste dit prendre « très au sérieux les témoignages des collaborateurs et place la santé et la sécurité de son personnel au cœur de ses priorités. »