Des employés de La Poste crient leur ras-le-bol près de Rennes
Près d’une centaine d’employés grévistes se sont relayés, jeudi 10 octobre, devant l’entrée de la plateforme industrielle du courrier de Noyal-Châtillon-sur-Seiche qui emploie 460 personnes. En récupérant progressivement l’activité de la plateforme de La Mézière et en totalité celle du Finistère depuis le 23 septembre, ils dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail et réclament 40 embauches.
Ils voulaient se faire entendre. Avec leurs enceintes crachant des airs classiques de la mobilisation, d’Antisocial à Bella Ciao, cette journée du jeudi 10 octobre est, sur ce point, réussie. Postés à l’entrée de la Plateforme industrielle du courrier (Pic) de La Poste, à Noyal-Châtillon-sur-Seiche, une centaine de grévistes se sont relayés toute leur journée pour exprimer leur colère. « Le but, c’est d’exprimer notre ras-le-bol et de faire comprendre à notre patronne que nous souffrons d’un vrai mal-être au travail », tonne Didier Picard. Le syndiqué CGT qui aussitôt précise qu’il s’agit d’un rassemblement qui ne répond pas à l’appel des syndicats. La plupart des grévistes du jour disent en effet ne pas être encartés.
Certains dénoncent des « salaires de misères » et tous des conditions de travail qui se dégraderaient. « Les arrêts maladies et les inaptitudes se multiplient. Même les cadres se mettent en arrêt ou cherchent à partir. »
« C’est devenu un boulot d’usine »
Jean-Louis Amisse, également délégué CGT, décrit « ce qui est devenu un boulot d’usine. On passe notre temps, debout, à soulever des bacs de 8 à 15 kg. Le tri, lui, a été donné à des prestataires ». Le Pic Rennes Armorique traite, six jours sur sept, 2,5 millions de plis en provenance et à destination des départements d’Ille-et-Vilaine, des Côtes-d’Armor, du Morbihan, de la Mayenne et, depuis le 23 septembre, du Finistère.
90 à 95 % des courriers sont traités mécaniquement par lecture optique. Le reste, rejeté par la machine, doit alors être traité par l’homme. Une mission permettant aux postiers de travailler assis et de casser une routine qu’ils jugent insupportable. Cette tâche serait désormais attribuée à des sous-traitants, assurent les manifestants, « parce que cela leur coûte moins cher », déplore Vincent Avril, également délégué CGT.
« Compenser la baisse du volume de courriers » selon la direction
Avec le transfert progressif de l’activité de la plateforme de La Mézière d’ici juin 2020, et de la totalité du courrier du Finistère depuis le 23 septembre, le site de Noyal-Châtillon verrait les cadences augmenter, accusent les grévistes. « C’est pour cela que nous réclamons l’embauche de 40 personnes en CDI. En CDI, et non pas en faisant appel à des intérimaires ou à des alternants. »
De son côté, la direction, qui évoque le chiffre de 26 % de grévistes constatés dans les équipes de jour, considère que ce transfert d’activité des sites de La Mézière et du Finistère « comble la baisse structurelle de courriers qui est de l’ordre de 7 à 8 % par an. Entre 2008 et 2020, en France, nous sommes passés de 18 à 9 milliards de plis traités par an ».
Glen RECOURT. Ouest-France