Le CDI apprenant, tout bénéfice pour le géant suisse de l’intérim
Avec la mise en œuvre de ce nouveau contrat destiné aux métiers en tension, Adecco poursuit sa quête d’argent public.
Trois mille CDI apprenants (CDIA) déjà signés pour un objectif de 15 000 en 2021.
Lancé en grande pompe par Adecco en novembre 2020, ce contrat au nom teinté de macronisme est destiné aux personnes prêtes à se former
ou à se reconvertir sur les métiers dits « en tension ». Dix-sept professions ont été ciblées par le géant de l’intérim comme celles de conducteur de ligne de fabrication, d’électricien BTP ou encore de technicien de maintenance. Reprenant un discours patronal récurrent, le groupe estime que
400 000 offres ne seraient pas pourvues dans ces secteurs.
Sur Europe 1, Alexandre Viros, le président d’Adecco France, vantait, le 20 janvier, les bienfaits du dispositif, notamment pour les personnes en difficulté dans l’aéronautique à Toulouse (HauteGaronne). « Elles perdent leur emploi.
Nous les embauchons en CDI apprenant, nous les formons au métier de technicien fibre optique, là où il va y avoir de la demande », avance-t-il.
Un dispositif subventionné à hauteur de 8 000 euros par l’État
Si le CDIA permet d’obtenir un diplôme ou une certification ; dans sa campagne de communication bien rodée, le groupe omet de préciser que ce contrat peut être subventionné à hauteur de 8 000 euros par l’État en vertu de l’aide exceptionnelle aux employeurs qui recrutent en apprentissage. Une manne non négligeable. Comme le précise Géraldine Roncaglia, représentante syndicale CGT : « Adecco s’arrange pour n’être jamais perdant. Le salaire des personnes en CDIA varie en fonction de celui de référence dans la région. Ce qui devrait aussi ouvrir le droit aux allègements Fillon (baisse des cotisations patronales) sur les bas salaires pour l’entreprise. »
Bâti sur le modèle du CDI intérimaire CDII), créé dans le secteur du travail temporaire en 2013 pour éviter la taxation des contrats courts, ce CDIA subventionné serait d’ailleurs en train de le supplanter.
« Pour atteindre les objectifs fixés, on voit que des CDI apprenants sont déjà contractés à la place des CDI intérimaires. Dans le même temps, Adecco envisage de prolonger l’activité partielle sur les CDII existants…
L’intérim ne vit que grâce à l’argent de l’État. Le groupe a perçu 64 millions d’euros de chômage partiel entre mars et novembre 2020. Jusqu’en 2018, il touchait 181 millions d’euros de crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, désormais pérennisé en crédit d’impôt », énumère Géraldine
Roncaglia. Avec ce nouveau dispositif, le géant de l’intérim montre qu’il a bien retenu les leçons pour maximiser les aides de l’État. C. R.
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