Revue de presse : Fichage racial : Adecco , géant de l’intérim, enfin jugé, après 20 ans de procédure

En mars 2001, une information judiciaire avait été ouverte à Paris contre le géant de l’intérim après une plainte pour discrimination. 20 ans après, la Maison des potes, SOS Racisme et d’anciens intérimaires ont obtenu le renvoi en correctionnelle d’Adecco, le spécialiste suisse du travail temporaire, et de deux anciens directeurs pour discrimination à l’embauche. Ils dénoncent « la mise en place d’un fichage racial qui a concerné 500 intérimaires de couleur, et a été reconnu par les dirigeants de l’agence mise en cause au moment de l’éclatement du scandale ».

« Si nous obtenons un procès, nous nous battrons pour que les 500 victimes soient partie civile. Ce serait la plus grosse “class action” jamais vue en France », nous expliquait il y a peu Samuel Thomas, président de la Maison des potes et ancien vice-président de SOS Racisme à l’origine de la procédure. Le prcès aura bien lieu : après 20 ans de procédure judiciaire, la Maison des potes, SOS Racisme et d’anciens intérimaires ont obtenu le renvoi en correctionnelle d’Adecco, le spécialiste suisse du travail temporaire, et de deux anciens directeurs pour discrimination à l’embauche.

Faire appel aux « BBR », les « bleus, blancs, rouges »
Depuis deux décennies, militants antiracistes et anciens salariés accusent en effet l’agence d’intérim d’avoir mis en place un système de discrimination basé sur la couleur de peau. L’affaire éclate au grand jour en 2001, lorsque l’association la Maison des potes est alertée par un ancien salarié d’Adecco (quartier Montparnasse, à Paris). Ce dernier évoque un système de discrimination organisé qui viserait à exclure de certains postes des intérimaires de couleur. Selon lui, les candidats noirs se voyaient attribuer un classement « PR4 », qui les empêchait d’avoir accès à certaines missions telles que commis de salle ou chef de rang dans des restaurants. Pour ce type de tâches, les clients de l’entreprise d’intérim préféraient faire appel exclusivement à des « BBR », c’est-à-dire des « bleus, blancs, rouges »… autrement dit des « Français blancs ».

Les faits établis

Samuel Thomas, actuel président de la Maison des potes et ex-vice-président de SOS Racisme, porte alors plainte pour discrimination. Il dénonce « la mise en place d’un fichage racial qui a concerné 500 intérimaires de couleur, et a été reconnu par les dirigeants de l’agence mise en cause au moment de l’éclatement du scandale ». « Tous les faits reprochés avaient été établis dans la plainte que j’avais déposée il y a dix-sept ans au nom de SOS Racisme, avec les témoignages des anciens salariés d’Adecco, le fichier des intérimaires PR4 saisi par huissier de justice, le rapport de l’inspection du travail, les aveux enregistrés en caméra cachée de la direction d’Adecco, explique-t-il. Dès le début de l’instruction, Adecco avait même reconnu par écrit au juge que la discrimination raciale réclamée par les clients était très importante dans l’hôtellerie-­restauration et que le système reproché avait bien été mis en place par l’agence parisienne ».

L’affaire a pourtant connu de nombreux rebondissements judiciaires depuis. En juin 2018, après dix-sept années d’instruction, la cour d’appel de Paris avait finalement mis en examen la société Adecco pour « délits de discrimination raciale » et « fichage racial ». De son côté, Adecco a toujours nié tout fichage systématique. Joint par l’AFP, Adecco a dit n’avoir « aucun commentaire à faire sur la procédure en cours » et « examiner l’éventualité d’un recours » devant la Cour de cassation.

https://www.humanite.fr/fichage-racial-adecco-enfin-juge-apres-20-ans-de-procedure-700700

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