Le groupe de distribution a déposé le projet d’une plateforme de 185.000 mètres carrés au sud de la ville. Amazon risque de rencontrer une forte opposition dans une région très mobilisée contre ces chantiers géants.
On savait qu’Amazon cherchait à implanter une méga-plateforme logistique autour de Nantes. Le géant américain de la distribution , un temps pressenti au nord de l’agglomération, s’est finalement décidé pour le sud, aux portes de la Vendée, sur la zone d’activité de la commune de Montbert.
A en croire l’avis que l’Autorité environnementale vient de publier sur le projet, Ory4fulfillment SAS, filiale d’Amazon Europe Core, prévoit de construire un entrepôt de 185.000 mètres carrés sur quatre étages, long de 318 mètres et haut de 23,5 mètres. Il occupera une parcelle de 14,5 hectares sur une zone d’activité préexistante, près de l’autoroute A83, qui file vers le sud-ouest. Pourront y être stockés quelque 113.000 mètres cubes de marchandises. Plus grand que celui de Brétigny-sur-Orge, mis en service à l’automne 2019, l’équipement sera de taille analogue à celui de Metz en cours de construction et où 3.000 emplois sont annoncés.
Car pour faire tourner un tel équipement, la présence simultanée de 790 personnes sera nécessaire, tandis que la partie administrative du site emploiera environ 45 personnes. Mais le fonctionnement 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 de la plateforme impliquerait près de 2.500 recrutements au total. L’avis de l’Autorité environnementale, qui ne préjuge pas de sa décision finale, décrit des activités de réception de produits de stockage automatisé et de reconditionnement, de préparation de commandes et d’expédition sur « la plus large gamme de produits possibles ».
Le document explique qu’un stockage dit « aléatoire » des produits permet de réduire le volume nécessaire des espaces de stockage. Des robots déplaceront les étagères sur lesquelles seront stockés des produits vers les postes de travail situés en périphérie. Des convoyeurs et des monte-charges achemineront les produits entre les différents niveaux. Si ces procédés sont pensés pour limiter la circulation routière, l’enjeu de circulation n’est pas neutre, puisque la plateforme générerait la circulation de 220 camions et de 3.200 voitures par jour.
Réticences
La taille de l’équipement impliquera une remise en cause de l’autorisation donnée en 2016 à la zone de Montbert au titre de la loi sur l’eau, car celle-ci n’était pas conçue pour des projets d’un tel gigantisme. Le projet, dont le calendrier reste à préciser, n’est pas au bout de ses peines. Déjà, le groupe vient d’ouvrir à Carquefou, dans l’agglomération nantaise, un hub de proximité plus modeste de 9.000 mètres carrés davantage orienté sur la logistique du dernier kilomètre. Johanna Rolland, présidente PS de Nantes métropole, avait alors exprimé sa réticence vis-à-vis du projet. Philippe Grosvalet, le président PS du département de Loire-Atlantique, est lui rivé sur son objectif d’une « artificialisation zéro » des sols du département même si, en l’occurrence, le site d’Amazon prendrait place sur une zone déjà aménagée. Il faudra aussi compter avec une opposition environnementale et zadiste toujours prompte à se mobiliser dans le pays nantais.
Emmanuel Guimard (Correspondant à Nantes)